Quelle est l'origine du
"Plan d'action environnement et santé" (PAES )?
Le Plan d'action environnement et santé a démarré sur la conviction qu'on pouvait faire
quelque chose pour améliorer encore le bien-être de la population de Crans-Montana et
des touristes.
Quelle est la philosophie qui sous-tend ce plan?
Le programme lancé par l'Office fédéral de la santé publique part du principe que l'être
humain ne peut être en bonne santé que dans un environnement préservé. La santé est
prise au sens large: celle du corps, celle du psychisme aussi. Etre en bonne santé,
c'est aussi se sentir bien dans la société dans laquelle on vit. La région de Crans-Montana
définie ici comme le territoire des six communes allant d'Icogne à Mollens a été choisie
comme région pilote au niveau suisse.
Vous affirmez que le PAES est un défi excitant. Qu'est-ce qui vous attire dans cette démarche?
Nous pouvons innover, tenter des choses plus audacieuses que d'ordinaire. D'autres régions pourront s'en
inspirer par la suite. Le PAES, c'est aussi l'opportunité de faire
travailler ensemble les six communes, mais aussi les milieux associatifs, les quatre cliniques, les
entreprises, toute la population. C'est, à ma connaissance, la première fois que l'on réunit
tous ces acteurs autour d'une même table. Nous faisons le pari que, pour résoudre par
exemple un problème comme celui de la circulation à Crans-Montana en haute saison, il
est indispensable de discuter et de réfléchir ensemble. Et nous allons proposer aux
Communes des mesures acceptables pour les habitants, les commerces, la police,
Crans-Montana Tourisme, les remontées mécaniques et la compagnie SMC, etc... Les autorités
pourront prendre des décisions sachant qu'elles sont déjà acceptées par une large
majorité des gens concernés. C'est une nouvelle forme de démocratie dite «citoyenne», où les
experts sont en priorité les gens du coin; du coin; ils participent à l'élaboration de solutions pour
améliorer la qualité de leur vie, celle de leur environement.
Beaucoup de personnes gravitent donc autour du projet pilote?
Oui. C'est l'occasion de rencontrer des gens extraordinaires qui sont prêts à mouiller
leur chemise, bénévolement.
Le PAES veut montrer que te le monde, à la maison, au travail, dans son village,
peu faire quelque chose pour développer harmonieusemt la région, corriger les erreurs
du passé et essayer de faire mieux à l'avenir.
Quel est exactement votre rôle dans l'organisation?
Au début, j'étais chargé concevoir le dossier de candidature pour devenir région
pilote. Une fois que nous avons été choisis par l'Office fédéral de la santé publique, le
projet s'est structuré sous la présidence de Mme Maria-Pia Tschopp, préfète du district de Sierre.
Par la suite, je me suis occupé de la gestion du projet, c'est-à-dire que je suis responsable du
bon avancement du PAES à Crans-Montana; je me charge de la coordination entre les
différents groupes de travail (quatorze), entre les finances et l'administration, je fais le
relais avec la Confédération, les Communes, la Présidente, etc. Mon rôle est aussi de faciliter
le travail de toutes les personnes impliquées dans le PAES, et spécialement celui des
nombreux bénévoles. J'essaye aussi de faire en sorte qu'il y ait une bonne ambiance entre toutes
les personnes qui travaillent pour le projet.
Quelles sont les chances d'aboutir d'ici 2006?
Avec quatorze projets planifiés sur cinq ans, nous avons été prudents. De plus, la prise
de risque est très variable d'un projet à l'autre; certains projets étant quasiment garantis,
d'autres sont beaucoup plus aléatoires. Dans son livre, "L'avenir est notre affaire",
Denis de Rougemont disait: "L'avenir dépend de nos passions, pas de nos calculs". Je
pense que la réussite des projets dépendra avant tout de la passion et de la
persévérance dont feront preuve tous les gens qui se mobilisent pour les
différents projets, ainsi que de la motivation des élus. La réussite dépendra aussi de la
manière dont l'équipe dirigeante saura motiver les partenaires et la population, par une
communication appropriée, en leur donnant l'occasion de s'exprimer et en facilitant le dialogue
à tous les niveaux. Par le biais du site Internet www.paes.ch,
chacun a ainsi l'opportunité de nous faire part de ses idées et de ses commentaires. Nous
projetons également d'installer des "boîtes à idées" dans les bureaux communaux et les
offices du tourisme à Crans-Montana.
Qu'est-ce que va changer pour les gens de la région?
Avec le PAES, nous espérons contribuer à améliorer la qualité de vie des habitants des six
communes et des touristes qui viennent en vacances à Crans-Montana. Nous imaginons
qu'en 2006, les problèmes de circulation pourraient être en passe d'être résolus, que les
transports publics seraient mieux adaptés à la demande, qu'il y ait des zones piétonnes
aux centres de Crans et Montana en haute saison. Nous aimerions également que la région
dispose d'un plan directeur intercommunal pour la gestion de l'eau, de l'urbanisme, du
patrimoine architectural, ainsi que pour la gestion de la "ceinture verte» autour de la
station. Enfin, il faudrait encore que les services du Centre médico-social régional soient
aussi accessibles aux touristes, qu'il y ait des endroits non-fumeurs dans les
restaurants et les hôtels, qu'un sentier didactique explique le développement durable à
travers la station, que vous soyez mieux informés sur la manière de vous comporter pour rester en
santé dans un environnement sain. Tous ces éléments permettraient d'en faire un
fantastique lieu de détente dans une nature préservée.
Quels sont les principaux obstacles que doit franchir le PAES à Crans-Montana?
Le plus grand risque est que les gens se désintéressent d'un projet qui durera quand même
cinq ans. Il est donc primordial que nous obtenions des succès rapides pour motiver tant les
communes que les bénévoles. Nous devons entrer dans une dynamique du succès qui
montre que cette approche participative permet vraiment de débloquer des situations, de
trouver des idées et de faire des avancées importantes pour l'avenir de la station.
Nous devons être prêts à abandonner des projets si l'intérêt n'y est plus et à lancer de
nouveaux s'ils correspondent à une demande (et que les communes sont d'accord). Le PAES
a démarré sur la conviction qu'on peut encore faire quelque chose pour encore améliorer le bien-être de la
population et des touristes dans les six communes. Je pense que ce projet pilote représente une
occasion rêvée d'imaginer et construire l'avenir ensemble, chacun à sa place. Aussi
importants que les projets eux-mêmes, c'est ce que nous allons entreprendre ensemble par un
dialogue constructif et transparent qui va être utile pour notre futur. Car avec ces
connaissances nouvelles, nous serons, chacun dans notre milieu, capables de nous
comporter de manière à ce que le bien-être augmente, le nôtre comme celui de nos hôtes, sans
détruire ni la nature ni l'environnement.
Propos recueillis par Danielle
Emery Mayor.
L'écho des montagnes / Novembre 2002
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