Etre piéton à Crans-Montana
En
devenant projet pilote de la Confédération pour le Plan d'action environnement
et santé, Crans-Montana espère enfin régler ses problèmes de circulation.
Deux
millions. C'est le montant que va toucher, en cinq ans, le Plan d'action
environnement et santé (PAES) de Crans-Montana pour réaliser près de 14
projets différents sur le Haut-Plateau. "Cette somme viendra pour moitié
de Berne et pour moitié des communes dont une partie des prestations se fera en
nature", explique Stéphane Pont, président de Mollens et coordinateur
du PAES pour les communes du Haut-Plateau.
Seul
en Suisse romande
Avec
Aarau et la région de Thal, Crans-Montana fait dont partie des trois projets
pilotes choisis par l'Office fédéral de la santé publique. "Si nous
avons été choisis, c'est avant tout grâce à notre volonté de régler, à
travers ce projet, le problème de la mobilité dans la station",
poursuit Stéphane Pont. Eh oui, ce n'est un secret pour personne; circuler à
l'intérieur de Crans-Montana l'hiver est un véritable calvaire. "A
travers notre projet Mobilité pour tous, nous voulons réinventer la
mobilité en inversant les priorités en faveur des piétons et des transports
publics. Tout le monde est d'accord pour dire qu'il y a urgence en la matière",
explique Maria-Pia Tschopp, préfète du district et présidente du PAES
Crans-Montana.
Il
faut avouer que ce problème de circulation dans la station ne date pas d'hier
puisque Lilio Rigassi, alors directeur de l'OT de Crans, a lancé un premier cri
d'alarme en 1967 déjà. "Nous ne craignons pas de dire qu'ici l'idéal
serait la suppression pure et simple de la circulation dans le centre de la
station". Malheureusement, les beaux discours ne se sont jamais concrétisés
en actes et aujourd'hui les 35'000 habitants qui vivent Crans-Montana durant
l'hiver ont tous eu une fois l'occasion de se plaindre de la circulation en
station.
14 projets en cinq ans!
Mis
à part l'ambition d'améliorer la circulation de Crans-Montana, le Plan
d'action environnement et santé (PAES) veut réaliser 13 autres projets sur le
Haut-Plateau. Parmi les plus importants, on retrouve la promotion d'un tourisme
doux dans différents secteurs périphériques comme l'Aprily, le vallon de l'Ertenz
ou le lac de la Moubra.
Pour
Aprily, un chemin de transhumance est en projet, tandis qu'un chemin didactique
est prévu du côté de la Moubra.
Un autre projet va également redynamiser la notion d'itinéraire pédestre à
l'intérieur même de la station sous la forme de parcours didactiques réalisés
en collaboration avec le centre scolaire de Crans-Montana sur le thème du développement
durable.
"Tous ces
projets ont un objectif commun: décharger le centre de la station d'un nombre
trop élevé de
mouvements automobiles", précise Stéphane Pont, représentant des communes
au comité directeur du PAES.
Enfin, parmi les onze projets, on peut citer la mise en évidence du patrimoine
de la station qu'il faut conserver, mais aussi mieux faire connaître. Il y a
aussi les quatre cliniques de Crans-Montana qui veulent devenir un lieu de soins
non-fumeur ou encore la volonté de rendre les services de soins à domicile encore
plus accessibles aux hôtes de Crans-Montana.
Décision
politique
Pourquoi
un projet pilote de la Confédération aurait-il plus de chances de réussire là
où de nombreuses initiatives ont
toujours échoué?. Du côté de Stéphane Pont, la réponse fuse: "Le
groupe de travail qui s'occupe du projet va pouvoir travailler sans aucune
pression pour proposer un maximum de solutions. De plus, avec ce PAES, c'est la
première fois que les acteurs du Haut-Plateau (communes, remontées mécaniques,
tourisme) sont tous représentés." Toutefois, Stéphane Pont reste
conscient qu'au final, la décision sera politique. "Avec
le budget du PAES, nous ne pourrons que financer des études de projet. Ensuite,
c'est aux communes d'avoir une véritable volonté politique de résoudre le
problème en choisissant une des solutions proposées et de la réaliser."
Trois
questions à …….
Walter
Loser, directeur de Crans-Montana Tourisme
Pensez-vous que ce projet pilote de la
Confédération va enfin permettre à Crans-Montana de résoudre ses problèmes
de circulation?
Je l'espère.
L'avantage de ce plan d'action Environnement et santé est dans le
soutien fait par les collectivités publiques. Les communes se sont engagées à
verser une partie du financement de ce projet. Ce n'est pas pour rien. De plus,
tous les acteurs de Crans-Montana s'y trouvent impliqués derrière les
communes.
Ne pensez-vous pas que promouvoir des
notions d'environnement arrive trop tard pour une station comme Crans-Montana
souvent appelée une cité à la montagne?
Ce n'est jamais trop tard. D'ailleurs, une ville a les mêmes problèmes que
nous. Elle veut aussi créer des zones piétonnes, des espaces verts.
Certainement q'on aurait dû faire ça avant, mais ce n'est en tout cas pas trop
tard de vouloir le faire maintenant.
Ce projet peut-il vraiment changer l'image de Crans-Montana?
Il faudra voir concrètement ce qu'il permettra de faire. Mais tout ce qui peut
améliorer le problème de mobilité dans la station joue automatiquement un rôle
déterminant dans l'image de la station.
Propos
recueillis par
Vincent Fragnière
De
toute manière, la Confédération se chargera déjà de rappeler aux différents
responsables qu'elle veut du concret. "Ils
ont été très clairs là-dessus. Si les projets n'avancent pas, ils peuvent très
bien décider de ne plus nous soutenir." Si même Berne s'y met, le
slogan Etre piéton à Crans-Montana devrait bientôt devenir une réalité.
Vincent Fragnière