Le développement durable prend corps en faisant boule de neige

Ville à la montagne sans grand cachet, Crans-Montana s'est prise au jeu du développement durable. Son projet-pilote fait déjà des émules.

Par Bernard Luisier

Pubié dans Le Courrier - samedi 25 janvier 2003

"Par nos différents projets, nous essayons d'abord de faire changer le comportement des gens de chez nous. Et on préfère dire que le développement durable, c'est fun!" Chef du projet Plan d'action environnement et santé lancé en été 2001 à Crans-Montana, François Parvex sait pertinemment combien il est difficile en Valais d'inciter les automobilistes à préférer la marche, le vélo ou les transports publics pour leurs déplacements usuels.

Pourtant, en compagnie de quelques intrépides des six communes du Haut-Plateau, il est parvenu à mobiliser l'opininon publique. Et, de 9 au départ, les voici aujourd'hui avec leur projet-pilote financé à la hauteur de 50% par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), plus de 120 à s'activer en ce sens, le plus souvent bénévolement. Si bien que même, outre d'autres régions helvétiques, les Français, surtout, mais aussi les Italiens s'intéressent de près, et avec envie, aux efforts valaisans dans le domaine. Des efforts, soit dit au passage, qui commencent à porter leurs premiers fruits, ce qui fait ainsi passer l'abstraite notion de développement durable au rang de concrétisations multiples et salutaires.

Plan d'action réaliste

Né au Sommet de la Terre tenu à Rio en 1992, le plan d'action suisse "environnement et santé" (PAES) veut en fait encourager un large public à associer environnement et santé dans la vie quotidienne. Aussi l'OFSP a-t-il désigné trois régions du pays pour tenir un rôle "pilote" dans trois domaines distincts: la ville d'Aarau, qui promeut la qualité de l'habitat, la région soleuroise de Thal, qui favorise une alimentation saine avec des produits locaux, et Crans-Montana, pour la mobilité.

On aurait pu croire que, au lendemain des désillusions olympiques de Sion dans sa candidature aux JO 2006, ce type d'action passerait rapidement aux oubliettes. Mais c'était sans compter sur l'évolution des moeurs dans la bonne vieille et traditionnelle société valaisanne, où l'écologie s'est finalement - tant bien que mal - imposée comme une composante majeure du développement touristique. "Ce qui fait la force de votre projet, avait même déclaré le Conseiller d'Etat Thomas Burgener à la première assemblée générale du PAES-Crans-Montana, c'est qu'il n'est pas un dossier de plus qui restera au fond d'un tiroir. Vous défendez un plan d'action réaliste, car vous êtes partis de la base, des habitants et des hôtes de la station."

Pas de révolution

Pour François Parvex, cette fameuse notion de durabilité n'est finalement rien d'autre que du... développement. "Mais, ajoute-t-il aussitôt, en fonction de ce qu'on l'on sait et, surtout de ce que l'on a appris, de l'écologie notamment." Loin de lui cependant d'engager une révolution générale en Valais. "Nous tentons en fait d'insuffler progressivement cette notion de développement durable dans le comportement des gens, des commmunes et bien sûr des entreprises." Et, lentement mais sûrement, la population, malgré encore quleques réticences, se prend à jouer le jeu.

Concrètement, (...) le PAES a fait naître de meilleures signalisations routières pour amener les hôtes à leur destination par le plus court chemin, la réorganisation des parkings, plusieurs parcours pédestres didactiques allliant nature et effort physique, et, prochainement, la mise en place de deux zones à priorité piétonne au centre de Crans et Montana. "Nous voulons créer des zone sympas pour faire bouger les gens, un peu malgré eux parfois", dit encore M. Parvex. "Car la santé des gens dépend de leur mobilité physique...". A l'heure qu'il est, ces travaux n'auront guère coûté que 55'000 francs en espèces, 72'000 autres francs en prestations en nature, autrement dit par le bénévolat. Même les écoliers ont mis la main à la pâte et on compris la démarche. Ce qui donne à penser que, à court ou moyen terme, Crans-Montana pourrait retrouver un visage plus... humain.

Le Courrier  - Bernard Luisier

 

 

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