Les
projets d'envergure territoriale, (qui ont reconnu la spécificité
de la morphologie du lieu) placés aux endroits stratégiques ont
fortement marqué l'évolution spatiale de la station. Ils sont
devenus des repères (nœuds structurants) dans le paysage urbain.
Le
développement touristique a transformé le territoire au cours des
cent dernières années et parfois malheureusement aussi de manière
chaotique et sans grande signification esthétique ou
intellectuelle.
Ce
lieu magnifique, s'est petit à petit transformé en une sorte de
ville diffuse à dominante automobile, alors qu'il mériterait de
s'exprimer comme une cité contenue dans une forme urbaine
perceptible à l'échelle territoriale. C'est donc au travers d'une
lecture des repères et de leur mise en valeur qu'il s'agit d'aider
l'accroissement de la cité.
Premier
repère : l’Hôtel du Parc
Perché
sur le sommet de la colline, adossé à une forêt de sapins, côtoyant
un lieu sacré (cimetière burgonde), donnant des vues sur 360 degrés,
orienté sur le couchant, surplombant les lacs de Grenon et d'Ycoor,
de la Moubra et de l'Etang Blanc, recevant le premier et le dernier
rayon de soleil de la journée, le génie de ce lieu semble avoir
fortement inspiré les pionniers de cette station.
Les
quatre propriétaires successifs, L. Antille, Ch. Antille, F.
Bonvin, M. Walcher Bonvin ont conservé l'authenticité de cet
endroit avec le plus grand respect de 1892 à 2003. La colline résista
à l'âge d'or de la spéculation immobilière qui commença au
milieu des années 60 et se poursuit jusqu'à nos jours.
L'impact
territorial de la Colline du Parc et de son hôtel au centre de la
station produit aujourd'hui encore son plein effet.
La
destinée de ce site exceptionnel préservé depuis la fin du 19 ème
siècle devrait être pensée au plus haut niveau. L'intervention
qui transformera cette colline sera le reflet des valeurs de notre
société.
Deuxième
repère : les hôtels du Golf, Beau-Séjour, Royal,
Eden, Carlton et Rhodania conçus par l'architecte viègeois Markus
Burgener à la fin des années '20.
Les
hôtels construits par M. Burgener ont contribué à définir le périmètre
du centre de Crans. Comme d'immenses blocs erratiques posés aux
endroits stratégiques, ces constructions jouent aujourd'hui encore
leur rôle territorial, par leur présence forte et digne dans le
paysage urbain.
On
peut noter que les similitudes de ces bâtisses entre-elles, crées
des points de repère dans le paysage, façonnant la cité de façon
plaisante et lui conférant une certaine unité.
Troisième
repère : la Tour de super Crans conçue par
l'architecte Jean-Marie Ellenberger en 1963
Dixit
Jean-Marie Ellenberger lors de la remise du gros œuvre:
''Soit
construire un ensemble de maisons de quatre étages éparpillées
dans la nature, détruisant ainsi les avantages du site, obligeant
à abattre des centaines d'arbres, faisant fuir les écureuils et mésanges,
et enlevant toute vue aux immeubles non situés sur le bord extrême
de l'ensemble (une quinzaine d'immeuble auraient trouvé leur
place).
Soit
l'organisation d'un centre vertical permettant à chaque appartement
de bénéficier d'un maximum de vue, de confort, mais évidemment
d'une hauteur qui pourrait sembler excessive.
Grâce
à l'appui et la compréhension des autorités communales et
cantonales, des services techniques de la Commission de construction
et la Commission forestière, la deuxième solution fut acceptée.''
Jean-Marie
Ellenberger a inscrit son bâtiment dans le territoire, il a
redessiné la silhouette de la montagne et ainsi modifié l'image de
la station tout entière. Super-Crans, tel un phare rayonne et
s'ouvre sur ce paysage de rêve, du Monte Léone au Mont Blanc.
Super-Crans fait partie de l'histoire de notre station.
Aujourd'hui,
il se construit de gros chalets en série, mauvaises reproductions
stéréotypées des chalets de l'Oberland bernois, d'Autriche ou
d'ailleurs.
On
emballe, on camouffle, on travestit ce que l'on considère comme des
erreurs du passé. On s'excuse d'être ce qu'on a été. On cherche
à suggérer la ruralité, on veut s'adapter au paysage. Mais a-t-on
oublié que le paysage auquel on veut s'adapter se réclamait être
moderne?
Une
simple lecture du plan des affectations concernant le territoire du
Haut-Plateau (6 communes) nous montre que la politique du
remplissage est toujours d' actualité.
Il
devient urgent de réorganiser et réévaluer les rapports entre
constructions privées et espace public, de réserver des zones
vides permettrant de rétablir un certain équilibre.
Une
intervention à échelle territoriale au cœur de la cité concerne
l'ensemble des 6 communes parce que l'enjeu est de retrouver un équilibre
spatial sur l'entier du Haut-Plateau. Redessiner l'espace public
pour restructurer le bâti. Réserver des zones dites sensibles pour
créer le vide afin mieux lire le plein.
La
Colline du Parc, avec toute la force territoriale qu'on lui connaît
prolongée de l'étendue du Lac Grenon puis de l'espace du vallon s'étendant
jusqu'au Zier, devrait pouvoir devenir la colonne vertébrale de cet
espace collectif redynamisant les deux centres de la station. |